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Theory of the Earth, by James Hutton, [1788 and 1795], at sacred-texts.com


CHAP. X.

The Theory illustrated with a view of the
Valleys of the Alps.

Such is the summit of the Alps, a body wasting by the influence of the elements, slowly changing, but in actual decay. This mass of granite is arrived at such a perfect state of degradation as leaves no trace of its original shape or height, from whence we might compute the quantity which has been lost, or time which had flowed in bringing about that event. We are now to take a view of the valleys that are formed at the same time that the mountains are degraded.

To the valleys of ice succeed those formed by water upon the same principle by moving the hard materials procured from the summits. Let us now begin at the bottom of one of those fertile valleys, and ascend, tracing the marks of time and labour in those operations by which the surface of the earth is modified according to the system of the globe.

(M. Bourrit 20, Nouvelle Description des Alpes.) «Saint-Maurice est entre le Rhône et une montagne; «Quoique la situation de Saint-Maurice paroisse l'exposer au malheur d'être un jour ensevelie sous les ruines des montagnes, cependant on ne vit pas ici avec moins de sécurité qu'ailleurs: ce qu'il y a de plus à craindre, c'est la submersion du pays; ce malheur pourrait arriver si l'une ou l'autre des montagnes qui forment la gorge, venoit à tomber soit par un tremblement de terre, soit par des affaissemens considérables: cette gorge étant étroite, le Rhône ne pourroit plus s'écouler il s'étendroit nécessairement au large, bientôt toute la vallée jusqu'à Martigni, Sion même, rentreroit sous les eaux qui l'ont autrefois couvert, et tout ce pays ne formeroit plus qu'un lac, à moins que le Rhône ne se fît jour sous les rochers renversés, comme il passe au travers de ceux qui semblent lui disputer le passage à cinq-lieues au-dessous de Genève.»

«Avant de pénétrer dans le Vallais, il convient d'en donner une idée générale: il forme cette partie des Alpes connue sous le nom d'Alpes Pennines; il contient non-seulement les plus hautes montagnes des Alpes, mais encore la plus longue vallée qui il y ait en Europe, puis qu'elle a trente-quatre lieues depuis Saint-Maurice jusqu'à-la source du Rhône, qui la traverse dans toute cette étendue: sa largeur est depuis demi-lieu jusqu'à une lieue et demie; sa direction suit le soleil. Outre cette vallée, il y en a d'autres qui y viennent aboutir dans diverses directions: celle-ci sont enclavées dans les deux chaînes de montagnes qui bordent la grande vallée; quelques-unes remontent à quatre lieues et même à six, dans les sinuosités que forment les rochers qui bordent les deux côtés du fleuve.»

To give an idea of these valleys which proceed to the icy tops of mountains, or to the high valleys of ice, I shall transcribe some descriptions of this country from the Tableaux de la Suisse Discours, etc. page 21.

«Route au Mont-Saint Bernard.

«On passe par Martigny pour aller au Mont du grand Saint-Bernard; cette ville est un dépôt pour les marchandises qui vont et viennent d'Italie. Le château à côté de cette ville est situé sur des rochers calcaires qui bordent la Drance dans cette partie; ce torrent prend sa source au Mont Saint-Bernard. On compte huit lieues de Martigny à l'Hospice situé sur ce mont; à une demie-lieue on commence à monter insensiblement; le chemin est beau et peut se faire en voiture jusqu'au bourg Saint-Pierre.

«Le vaste base de ces monts accumulés n'est qu'un composé des débris des montagnes supérieures; on rencontre ici des granits roulés, composés de quartz, de feld-spath, et de mica; des graviers et des sables provenant de la décomposition des granits des pierre calcaire grise, puis de grosse masses de granit arrondies, dont il seroit difficile d'assigner l'origine, puisque toutes les montagnes à portée de la vue et qui forme cette gorge sont absolument de pierres micacées par lits et par couches, ou schisteuses mêlées de gros et petits rognons, de filons et de veines de quartz; elles font en général toutes feu avec le briquet. Le chemin et la Drance qu'on passe et repasse plusieurs fois, occupent tout le fond de la vallée qui devient fort étroite. On rencontre des pierres schisteuses, quartzeuses et sablonneuses, seules sans mélange d'autre espèces.

«Saint-Branchier, bon village, est situé entre des montagnes très-hautes et trés-escarpées composées des mêmes espèces des pierres schisteuses micacées que les précédentes; elles sont de couleur bleuâtre, vue en grandes masses et inclinées à l'horison; cette inclinaison suivant la même direction de ce côté ci de la Drance, et les couches se correspondant l'une à l'autre, on voit que ce torrent s'y est creusé un passage. En avançant, on trouve de l'ardoise feuilletée bleue avec des veines de spath calcaire, ensuite une grande quantité de granits et de pierres calcaires roulées, sans que les montagnes environnantes changent d'espèces; les montagnes à l'est sont bien cultivées, rapportent différentes sortes de grains, avant et après avoir passé orsiére; on retrouve de l'ardoise entre ce village et Liddes et les derniers granits roulés.

«La Drance est ici fort resserrée et trés encaissée; ce n'est pas sans frémir qu'on s'apperçoit, quand on est sur deux morceaux de bois jetés d'une roche à l'autre, appellés ici pont, qu'on a un gouffre de plus de trois cent pieds au dessous de soi, il faut être sur cette espèce de pont pour s'en apercevoir et distinguer les différents sinuosités tracées sur chaque côté de cette roche du haut jusqu'en bas; ce sont autant de preuves des différentes hauteurs où l'eau a passé avant de parvenir à sa profondeur actuelle.

«La dernier village qu'on rencontre, avant d'arriver au Saint-Bernard, est le bourg Saint-Pierre, on mont insensiblement jusqu'à ce village, et on ne peut plus se servir de voitures pour aller au-delà. Les montagnes sont plus rapides, il n'y a plus de chemin fait, et on n'en peut point pratiquer, moins a cause de la quantité des rochers dont toute cette partie est couverte que par la difficulté de les entretenir ou de les renouveler chaque année, parce que les torrens et les avalanches les detruiroient; de plus on ne pourroit y travailler que trois ou quatre mois de l'année, les huit ou neuf autres mois le pays, au dela du bourg, étant presque toujours couvert de neige. La truite ne remonte pas au-delà du bourge Saint-Pierre, elle se trouve arrêtée par les cascades et chutes trop considérables de la Vassorée qui va se jetter dans la Drance. Ce torrent sort encaissé et resserré dans le lit qu'il s'est creusé, provient d'un glacier qu'on rencontre en montant le Saint-Bernard qui porte le même nom. L'entrée du valais est fermée et défendue de ce coté par le lit de la Vassorée; c'est le fosse le plus profond et le plus escarpé qui existe. Des ouvrage crénelés et une porte sont placés à l'entrée du bourg Saint-Pierre, nous avons donné un dessin de la chute de ce torrent, on voit le travail des eaux dans le rocher qu'il a miné et où il s'est ouvert un passage.

«On compte trois lieues de ce bourg à l'Hospice, sur le haut du Saint-Bernard; c'est le passage le plus fréquenté pour communiquer du Bas-Vallais en Italie par le Piémont et la vallée d'Aost; le transport des marchandises ne se fait qu'à dos de mulets et de chevaux; c'est du produit de ces transports que vivent la plupart des habitans qui sont des deux côtés de ce mont; celui des fromages, qui est la principale production de ces hautes Alpes, fait le plus fort article. On ne rencontre sur cette route que des rochers entassés les uns sur les autres, entre lesquels on passe par mille détours, en suivant les petits vallons qu'ils forment. Des torrents des eaux y roulent et s'y précipitent de tous côtés; on voit dans ces bas, de bois de sapins mêlés de quelques pins et puis des mélèzes; ils diminuent insensiblement, leurs végétation est moins vigoureuse, les arbres sont plus rares les derniers qu'on rencontre sont des mélèzes à une heure de Saint-Pierre. Plus loin, on ne voit plus que des buissons bas et rabougris; au bord de quelque ruisseau ou torrent ce sont des aulnes ou vergnes; le dernier arbrisseau que nous avons vu, entre les mélèzes et les aulnes, est un sureau sans fruit. Les pâturages, l'herbe et le gazon suivent la même progression. Ce n'est-que dans quelques endroits, d'où les eaux n'on pas entraîné une restant de terre végétale, qu'il se voit un gazon fin, menu et serré; de petites fleurs, aussi bases que ces gazons, nuancées des plus belles et des plus vives couleurs, y forment des groupes de la plus grande beauté; des mousses non moins curieuses que variées, couvrent et colorent quelques parties de rochers; le reste n'offre à l'oeil que d'énormes masses de rochers, entrecoupés de fentes, de crevasses; des pierres culbutées et amoncelées dans les fonds, qui font en partie couverts de neïge.

«A une demie lieue de l'Hospice dans une vallon assez large pour une pareille hauteur, nommé les Envers des Foireuse, on rencontre une énorme quantité de pierre roulées qui remplissent presque tout le haut de ce vallons. Cet amas de pierres provient des glaciers et des hauteurs qui descendent du Mont-Velan, qui est la partie la plus élevée du groupe de montagnes, qui forment le grand Saint Bernard. Là sont des neiges et des glaciers de cette partie, fournit aussi la Drance qui va se jetter dans le Rhône au dessous de Martigny. On ne voit de ces pierres roulées qu'en cet endroit, elles viennent directement des glaciers, elles ont été charriées par les eaux qui en viennent, et ne peuvent avoir pris leur forme que par les même causes, dont nous avons parlé ci-devant dans l'observation faite en Savoie sur les pierres roulées; elles sont toutes, ainsi que les rochers au-dessus, d'ou-elles proviennent, composées de parties micacées-argilleuses, plus ou moins mêlées de partie de rognons, de veines et de filons de quartz, par lits et par couches irrégulières, plus ou moins épaisses. Les parties micacées de ces pierres sont variées de différentes nuances, tirant sur le gris, le bleu, le verd, et le jaune; ces nuances sont quelquefois mêlées. Tous les rochers composans ce côté de montagne tourné au nord, sont de la même espèce. Nous n'y avons pas vu un seul granit, c'est-à-dire, une pierre composée de petites masses irrégulières de quartz, mêlées et agglutinées, avec des parties micacées argilleuses, et quelquefois mélangés de feldspath. Parmi ces pierres, il y en a quelques-unes provenant du même filon, qui contiennent de la pyrite cuivreuse dans un filon de quartz.

«Nous avons dit precedement que c'étoit entre Orfière et Liddes que nous avions vu des derniers granites roulés, on n'en rencontre plus dans toute le reste de la route jusqu'au haut du Mont Saint-Bernard. Les rochers, qui dominent ce sommet, ne sont pas composes de granites, et quoiqu'on ne puisse aborder jusqu'à leurs plus grands élévation, on peut juger de leurs espèces, par les masses qui s'en précipitent.

«(Page 35.) Malgré la chaleur qu'il avoit fait le jour de l'arrivée au Saint-Bernard, la nuit fut froide; le lendemain (31 Juillet) le haut de la montagne étoit enveloppé de nuages épais, mais tranquilles, il n'y avoit point d'agitation dans l'air on assuroit qu'il faisoit beau au-dessous de ce sommet; nous fûmes visiter le revers meridional de la montagne qui conduit au val d'Aost; après une demie heure de marche, nous fumes hors de cet atmosphère sombre et humide, le soleil étoit chaud, le ciel pur et serein: on voyoit dans le lointain les sommets des plus hautes montagnes enveloppés dans les nuages comme le Saint-Bernard: les sommets les plus à portée étoient découverts et éclairés par le soleil; ces rochers terminés en pointe, en pyramides et en aiguilles, sembloient s'élancer dans la région pure de l'éther: des vallons profonds, des écueils, et des précipices effrayants les entouraient. Toutes ces masses sont, comme dans la partie opposée de la montagne, des pierre schisteuses, argilleuses et micacées: le plupart schisteuses, c'est-à-dire par feuillets, par lits ou par couches différemment inclinées, le toute mêlé de veines et de parties quartzeuses, de couleurs variées, mais les verdâtres dominent: il y a de plus sur la hauteur de ce revers des masses et des blocs prodigieux, sans mélange, de quartz blanc et grenu à sa superficie, lesquels, au premier coup-d'oeil, paroissoient être de marbre de Carare; à quelque distance c'est un chaos immense de blocs de pierres de toutes grandeurs, jetés, culbutés, entassés dans la plus grand confusion; c'est la même espèce de pierre micacée; il faut que des sommets, des rochers prodigieux se soient écroulés pour avoir produit un pareil désordre qui ressemble à la destruction d'un mond.

«(Page 40.) On trouve aux environs du couvent quelques schistes argilleux ou ardoises grises feuilletées détruites à moitié. On ne voir nulle part de ces ardoises sur pied ou formant des masses attachées au sol; il faut que les couches ou les lits de ces ardoises, qui avoient été formés et placés sur ces hauts, ayent été détruits et renversés par le temps.

«Enfin toute cette montagne, une des plus hautes des Alpes Poenines, qui conserve des neiges et de glaces permanentes, est composée en général de pierres et de roches schisteuses, dont les couches et les lits sont plus on moins sensibles et inclinés, et d'une grande dureté. Leurs parties constituantes sont un mica argilleux dont les lames ou les parties sont plus ou moins grandes et brillantes et diversement colorées: elles sont traversées de filons et de veines mêlés de rognons et de globule de quartz ordinairement blanc, quelquefois vitreux, transparent, opaque ou grenu: nous n'y avons vu des granits que sur le penchant de la montagne; ils y étoient isolés et roulés. Quelqu'un qui aura plus de temps, plus de loisir, découvrira peut-être d'où ces masses proviennent 21

We have here a picture of one of those valleys which branch from, or join the main valley of the Rhône. In this subordinate valley, there is the most evident marks of the operations of water hollowing out its way, in flowing from the summits of the mountains, and carrying the fragments of rocks and stones along the shelving surface of the earth; thus wearing down that surface, and excavating the solid rock. On the summit of the mountain, again, there is an equal proof of the operation of water and the influences of the atmosphere continued during a long succession of ages. It is impossible perhaps to conjecture as to the quantity of rock which has been wasted and carried away by water from this alpine region; the summits testify that a great deal had been above them, as that which remains has every mark of being the relicts of what had been removed, and moved only by those operations which here are natural to the surface of the earth. Let us now abstract any consideration of that quantity above the summits of those mountains, as a quantity which cannot be estimated; and let us only consider all the cavity below the summits of those ridges of mountains to have been hollowed out by those operations of running water which we now have in view.

In taking this view of the mountains on each side which supply the water of the Rhône, what an immense quantity of stones, of sand, and fragments of rock, must have travelled in the bed of that river, or bottom of that valley which receives the torrents coming from the mountains! The excavation of this great valley, therefore, will not be found any way disproportionate to that which is more evident in the branches; and, though the experience of man goes for nothing in this progress of things, yet, having principles in matter of fact from whence he may reason back into the boundless mass of time already elapsed, it is impossible that he can be deceived in concluding that here is the general operation of nature wasting and wearing the surface of the earth for the purposes of this world, and giving the present shape of things, which we so much admire in the contrast of mountains and plains, of hills and valleys, although we may not calculate with accuracy, or ascribe to each particular operation every individual appearance.

With a view to corroborate what has been here alledged of the valley of the Rhône, I would beg leave to transcribe still more from the same author. From the immense masses of horizontal strata remaining upon both sides of the valley of the Rhône, with a face broken off abruptly, we shall find the most perfect evidence of that which had been carried away in the course of time, and in the forming of those valleys.

«(Page 49.) Route au Bains de Loiche. Nous quitterons un moment les bords du Rhône pour visiter les bains de Loiche, afin de ne pas revenir sur nos pas. De Sierre on passe par Claré et Salge, en laissant le Rhône sur la droite; tout ce terrain est calcaire et fort pierreux. A Faren (villages qui ne font point sur les cartes) on commence à monter la montagne de Faren; le chemin est fort rapide et mauvais, et dure une bonne heure et demie; on trouve sur le haut de cette montagne de blocs de granit composés de quartz, de feld-spath, et de mica, d'où viennent-ils? On ne voit que des roches calcaires et point de montagne plus élevée au-dessus; on passe par un bois de pins, on parvient enfin à un escarpement à pic, dont on n'a point d'idée pour la hauteur; on reste stupéfait de voir le gouffre qu'on a devant soi, et on ne prévoit pas trop comment on parviendra dans ce fond, où la vue a peine à distinguer la Dala, gros torrent qui y précipite ses eaux. On a taillé à grands frais un sentier tortueux dans cette roche toute calcaire; On a eu soin de garnir le coté scabreux du sentier avec des pierres ou des garde fou, pour rendre ce passage moins effrayant; ces précautions ne peuvent guérir de la crainte de voir tomber d'énormes quartiers de rochers suspendus au-dessus de soi, ils sont fendus et crevassés partout, et menacent de se précipiter à chaque instant; on ne peut même s'empêcher de remarquer qu'il y en a qui sont tombés nouvellement! Ce sont des mineurs Tiroliens qui ont fait cet ouvrage, ainsi que le passage du Mont-Gemmi.

«Quand on est descendu au tiers environ de cet énorme fond, on passe sur les décombres de cette vaste montagne, et par un bois de pins et de sapins; la vue ne perce pas dans ce fond ténébreux, on entend plutôt le bruit du torrent qu'on ne l'apperçoit. Ayant eu occasion de voir et d'examiner par la suite ces bas et le pied de cette étonnante montagne calcaire, nous avons vu dans plus d'un endroit qu'elle pose, et que ces fondements sont un lit de schistes argilleux ou d'ardoises feuilletées sans mélange, que ce lit est détruit et se détruit dans différens endroits, qu'il est incliné et affaissé dans d'autres, et que c'est la destruction qui a occasionné la chute d'une partie de cette montagne; elle est par-tout à pic de ce côté, et a subi successivement ces renversements qui paroissent plus anciens les unes que les autres, car ces débris sont plus ou moins couverts de bois, d'arbres, et de productions végétales.

«On continue la route à mi côte au travers de ces débris. Le sommet de ces montagnes éclairés par le soleil, étoit peint de rouge, de jaune, de blanc, de bleu, et de noir, dans les endroits où les eaux avoient coulé par-dessus, ils ressemblent de loin à des murailles, des tours, des forts, et des fortifications de différentes formes placées pour se défendre contre des ennemis qui viendroient par les airs. Les neiges qu'on apperçoit dans différents endroits, produisent des chutes d'eau, des cascades, dont partie se réduit en vapeurs avant d'atteindre le bas: le haut des montagnes qu'on voit de l'autre côté de ce vallon, est également calcaire, elles sont plus basses, couverts d'arbres et de sapins; au lieu que celles dont il est question sont nues et arides; elles sont le séjour des neiges et sont partie de la Gemmi.

«Une de plus haute montagnes du Vallais, et située sur une terrain très-élevé, est la Gemmi; elle fait partie de la grande chaîne qui sépare le Canton de Berne du Vallais. Elle est remarquable, à cause de l'importance du chemin qu'on y a pratiqué, des grandes difficultés qu'il a fallu surmonter, et qu'elle est la seule communication entre les deux Cantons. Nous parlerons de ce chemin, après avoir décrit la nature de ce prodigieux rocher. La Gemmi est la partie la plus haute de cette chaîne qui commence aux galleries; elle est en general calcaire. On commence a monter insensiblement en sortant de Loiche; on traverse beaucoup de pâturages; on voit quelques champs de seigle qui étoient encore sur pied et à moitié verts, des bosquets et de petits bois de sapins. Des masses considérables des rochers, des monceaux de pierres entassées descendues des hauteurs, couvrent cette superficie qui devient d'autant plus rapide qu'on approche plus du pied du rocher: cette pente qui est au pied de l'escarpement et de toutes les autres montagnes, est formé des pierres et des sables qui tombent des hauts et produisent, à la longue, des talus formes en pain de sucre, adosses contre les parties escarpées; les plus grosses pierres roulent et se précipitent plus bas, servent de point d'appui aux nouveaux matériaux qui s'y arrêtent, augmentent la hauteur des talus, en élargissant les basis, et finissent par devenir des montagnes très considérables qui ont augmenté en raison de la quantité des débris qu'ont pu fournir les parties plus élevées; c'est ce qu'on nomme montagnes de troisième formation, composées des ruines de celles qui dominent ces talus; ces éboulemens sont ordinairement plus fertiles, plus couverts de végétaux, d'arbres et de forêts, sur-tout s'ils sont composés de différentes espèces de débris. Nous avons déjà vu que les montagnes calcaires sont elles-mêmes assises sur des couches et des lits d'ardoise ou de schiste, qui, par l'arrangement de leurs feuillets et de leurs couches, paroissent aussi avoir été arrangés et formés successivement; quelle est donc la base primitive sur laquelle sont appuyées et reposent ces masses qui étonnent l'imagination, à quelle profondeur faudra-t-il l'aller chercher? Si nous concevons la formation et la manière dont se sont accrues et élevées ces troisièmes montagnes, pouvons-nous imaginer comment se sont arrangées celles qui sont si élevées au-dessus d'elles, ce tout que rien ne domine. C'est en examinant en considérant ces grands spectacles que ces réflections nous viennent; nous nous arrêtons, pour continuer à décrire ce que nous avons vu et remarqué, qui est la tâche que nous nous sommes imposée.

«En arrivant au pied de l'escarpement, le premier objet qui frappe la vue, ce sont des bancs de schistes ou d'ardoises bleuâtres, mêlés de larges filons de quartz qui forment la base, et les fondemens sur lesquels est élevé ce mur de pierres calcaires. Car cette roche est élevée de même à pic; ce lit d'ardoises est un peu incliné vers le couchant, ainsi que tout ce qui repose dessus; la destruction de ce lit a causé, ainsi qu'aux galeries, la chute des rochers supérieurs, et leur a occasionné cet à-plomb. Avant ces éboulements, ces couches schisteuses devoient être découvertes à une grande hauteur, être exposées aux injures du tems et des saisons, se détruire et se décomposer plus aisément. Peut-être que l'enveloppe calcaire les couvroient entièrement, et que ces schistes n'ont commencé à se détruire qu'après la ruine de la pierre calcaire. Actuellement ces schistes sont enterrés et couverts; ce n'est qu'en peu d'endroits qu'on les apperçoit; appuyés soutenus et couverts par ces immenses débris en talus, ce sont des contre forts qui les aiderons à supporter plus longtemps les prodigieuses masses sous lesquelles ces schistes sont ensevelis. Nous allons placer par ordre les différentes substances, telle qu'elle se présentent en montant.

«1. Base de schiste ou d'ardoise feuilletée bleuâtre, traversé, de larges filons de quartz. On ne voit, on ne peut estimer son épaisseur dont partie est enterrée.

«2. Immédiatement dessus pose la pierre calcaire, elle est d'une grain fin, serré, couleur grise-jaunâtre, ainsi que toute le reste.

«3. Des filons de différentes épaisseurs, d'un spath calcaire jaunâtre.

«4. Quelques petits filons ou renules de schiste pur.

«5. De la pierre calcaire d'un grain plus grossier.

«6. D'autres couches d'un grain plus fin.

«7. Couches de pierres calcaires mêlées d'une quantité suffisante de sable pour faire feu avec le briquet, sans cesser de faire effervescence avec les acides.

«8. De petits filons ou couches ondoyantes de spath.

«9. De la pierre calcaire dans laquelle sont déposés des espèces de noyaux oblongs, quelques fois par couches, mais sans suite, composés d'un sable fin de couleurs grisâtre, plus blanc que la pierre calcaire, très-durs, faisant feu au briquet, et sans effervescence avec les acides.

«10. On retrouve encore des couches minces sablonneuses mêlées de parties calcaires.

«11. D'autres de pierre calcaire compacte et d'une épaisseur considérable.

«12. Alternativement de moins compactes. Dans l'une de ces couches il y a de la pyrite vitriolique décomposé, qui teint en jaune les parties du rochers sur lesquels a flué la décomposition martiale.

«13. Quelques filons de spath jaunâtre, entremêlés de veines de schiste pur, ne faisant pas effervescence.

«14. De la pierre calcaire.

«15. Des schistes mêlés de parties calcaires.

«16. De la pierre calcaire pure.

«17. De larges filons de spath calcaire jaunâtre mêlés de quartz, faisant feu au briquet, et une peu d'effervescence.

«18. De la pierre calcaire pure grise, plus foncée que dans le bas.

«19. Des couches calcaires jaunâtres.

«20. Enfin tout le haut n'est que pierre calcaire grise et dénaturée. Cette partie supérieure du monte est fort étendue. Tout ce qui est sur le local qui va en pente assez douce vers le milieu, n'a pas été assujetti à de roulis et à des frottemens, il n'y a que la longueur du tems qui l'ait dégradé, et lui ait imprime le caractère de la vétusté. On ne voit que des pierres calcaires, elles sont remplies de trous, de fentes, et de crevasses; beaucoup, paroissent poreuses comme de la la pierre ponce grossière; le séjour des neiges des eaux, la gelée, et l'intempérie des saisons a tout fait. On voit de tous côtés que l'eau s'y infiltre et s'y perd. L'arrangement de cette espèce de pierre par couches, facilite l'entrée des eaux dans l'intérieur de la montagne pour aller donner naissance à des sources, à des torrents, et quelquefois à d'assez fortes rivieres qui sortent du pied de ces montagnes calcaires; lors de la fonte des neiges, l'eau ne se verse point des sommets de ces sortes de montagnes comme de dessus les autres espèces de rochers qui absorbent moins les eaux. Dans le milieu de ce haut il y a un petit lac d'un grand quart de lieue de long de forme ovale, ou se rassemblent les eaux des neiges fondues; il n'y a point d'issues à ce lac, ses eaux sont absorbées, et se perdent dans l'intérieur de la montagne; il n'y avoit que peu de glace alors sur ce lac, mais il y avoit encore beaucoup de neiges aux environs; un glacier est sur la droite, se prolonge et va fermer le sommet du vallon où est Loiche; c'est le même glacier qu'on apperçoit derrière les sources chaudes. Deux aiguilles de rocher en cône, fort hautes s'élèvent au-dessus du sommet; elles sont toujours couvertes de neiges: leur ressemblance et leur proximité a donné le nom de Gemmi Jumeaux, à cette montagne—On voit à ses pieds à une profondeur immense le village de Loiche, qui paroît être tout au pied du rocher; il faut cependant une grand heure et demie pour s'y rendre, tant la hauteur diminue le point de perspective. Le chemin qui est pratiqué dans ce rocher, y a été par-tout taillé; il le contourne certains endroits, dans d'autres il est creusé de façon qu'il forme une voûte couverte, et qu'on a le rocher suspendu au-dessus de soi. Il est rare de trouver l'occasion de pouvoir examiner de détailler avec autant de facilité une montagne d'une pareille hauteur. A compter des galleries jusqu'aux glaciers de la Gemmi, ces rochers perpendiculaires et à pic ont plus de trois lieues d'étendue; ils diminuent en hauteur à mesure que le pays s'élève, et se confond dans les plus hautes alpes, qui sont surmontées d'autre masses de rochers.

«De l'autre coté du vallon, et vis-à-vis des montagnes qui forment celles de la Gemmi, est la montagne du midi, séparée par la Dala, torrent qui vient du glacier à la tête du vallon, dont les eaux paroissent avoir creusé le lit étroit et profond. Cette montagne est calcaire comme la Gemmi, et paroît en avoir fait partie: je n'ai pu vérifier nulle part si elle étoit posée sur des schistes: tout est dans un grand bouleversement sur sa pente qui est fort rapide. A environs trois quarts de lieue des bains, un sentier fort difficile, qui passe sur les décombres de cette montagne et dans des bois de sapins fort obscurs, conduit par un pente fort rapide a un rocher perpendiculaire, comme sont presque tous ceux du canton on y trouve des échelles appuyées contre; on parvient à la première, en grimpant par les avances et les saillies du rocher; d'autres roches facilitent le moyen d'arriver à la seconde; on trouve ainsi sept échelles dont quelques-unes sont fort hautes, et par lesquelles on se guide au sommet de ce rocher; on est bien surpris d'y trouver un terrain en pente, où il y a des champs labourés et des vignes qui entourent le village d'Albinien, dont les habitans ont placé ces échelles pour raccourcir le chemin qui conduit à Loiche, où ils vont vendre leurs denrées.

«Nous quittons les bains de Loiche pour nous rapprocher du Rhône: on repasse par Inden, on ne trouve ensuite que des pierres, des rochers, des escarpemens; c'est un chemin des plus mauvais jusqu'au bourg de Loiche; c'est pour éviter ce chemin qu'on a fait celui des galleries. Le bourg de Leuck, ou Loiche, est un des principaux endroits du Vallais, bâti en pierres, dans une position fort élevée et très-forte; l'art avoit encore ajouté anciennement à la force de son assiette, il y a encore d'anciens forts et des tours; toute cette hauteur est calcaire; on a la plus belle vue de ce lieu, elle s'étend sur tout le bas Vallais jusqu'au dela de Martigny; nous avons donné une foible idée de cette vue, avant d'arriver aux bains de Loiche, car les expressions manquent pour rendre ces grands tableaux. Un spectacle bien intéressant pour ceux qui étudient les changemens qui arrivent journellement à la surface du globe, est la vue du Kolebesch, montagne fort élevée en face du bourg de Leuck, et de l'autre côté du Rhône; cette montagne est calcaire ainsi que la chaîne sur la rive gauche du Rhône, du moins la partie avancée qui forme le vallon où coule ce fleuve. Des chutes, des éboulemens y ont produit de grands changemens; les eaux et les torrens qui viennent des parties élevées, ont entraîné ces débris, les ont déposés aux pieds de la montagne, et en ont formé une colline qui a plus d'une demie-lieue jusqu'au Rhône, et plus d'une grande lieue de large, en forme circulaire; elle s'étend vers le haut et le bas Vallais; la partie supérieure est couverte de prés et des pâturages; celle du côté du bas Vallais est couverte d'une forêt; elle va en pente douce; la grosseur des arbres prouve combien la formation de ce terrain est ancienne. Depuis la consolidation de ce terrain des torrens nouveaux y ont creusé un ravin large et profond, par lequel s'écoulent actuellement les eaux des montagnes, et les pierres qu'elles en arrachent. Le Rhône mine et emporte le pied de cette colline qui resserroit son cours, avec ces matériaux il va plus loin former des atterrissemens composés des matières les plus pesantes; les parties les plus fines le limon suspendu dans ces eaux servent ensuite à couvrir les anciens atterrissemens, au moyen desquels ils deviennent susceptibles de toute espèce de végétation; ses eaux finissent de s'épurer dans le lac Leman, d'ou il sort clair et limpide, ainsi que toutes les rivieres qui sortent des lacs jusqu'à ce que d'autre torrens, tombant des montagnes, viennent les troubler de nouveau.»

Here is a most satisfactory view of the structure of this country on each side of the Rhône; strata of lime-stone and schisti, almost horizontal or little inclined, compose the mountains from their most lofty summits to the deepest bottom of those valleys. Such mountains cannot have been formed in any other manner than by the waste and degradation of their horizontal strata; consequently, here we are certain, that, from the summit of the Gemmi to those upon the other side of the Rhône, all the solid substance had been hollowed out by water. Thus were formed the valleys of the Rhône, the Dala, and a multitude of others.

M. de Saussure has given us a description of a tract of alpine country of the same kind with that of the Vallais now considered, so far as the strata are here in a horizontal position, instead of that highly inclined situation in which those primary bodies are commonly found. It is the description of Mount-Rosa Journal de Physique, Juillet 1790.

Here the same interesting observation may be made with regard to the immense destruction which must necessarily have taken place, in the elevated mass of solid earth, by the dissolving or wearing power of running water; and this will be clearly explained by the formation of those mountains and valleys, which, while they correspond with mountains and valleys in general, have something particular that distinguishes them from most of the Alps, where the strata, being much inclined, give occasion to form ranges of peaks disposed in lines according to the directions of the inclined strata. Here on the contrary, there being no general inclination of the strata to direct the formation of the peaks, they are found without any such order. I shall give it in M. de Saussure's own words.

«En effect toutes les hautes sommités que j'avois observées jusqu'à ce jour sont ou isolées comme l'Etna, ou rangées sur des lignes droites comme le Mont-Blanc et ses cimes collaterales. Mais là je voyois le Mont Rose composé d'une suite non-interrompue de pics gigantesques presqu'égaux entr'eux, former un vaste cirque et renfermer dans leur enceinte, le village de Macugnaga, ses hameaux, ses pâturages, les glaciers qui les bordent, et les pentes escarpées qui s'élèvent jusqu'aux cimes de ces majestueux colosses.

«Mais ce n'est pas seulement la singularité de cette forme qui rend cette montagne remarquable; c'est peut-être plus encore sa structure. J'ai constaté que le Mont-Blanc et tous les hauts sommets de sa chaîne sont composés de couches verticales. Au Mont-Rose jusqu'aux cimes les plus élevées, tout est horizontal ou incliné au plus de 30 degrés.

«Enfin il se distingue encore par la matière dont il est construit. Il n'est point de granits en masse, comme le Mont-Blanc et les hautes cîmes qui l'entourent; ce sont des granits veinés et des roches feuilletées de différens genre qui constituent la masse entière de cet assemblages de montagnes, depuis bases jusqu'à ses plus hautes cimes. Ce n'est pas que l'on n'y trouve du granit en masses, mais il y est purement accidentel, et sous la forme de rognons, de filons, ou de couches interposées entre celles des roches feuilletées.

«On ne dira donc plus que les granits veinés, le gneiss et les autres roches de ce genre, ne sont que les débris des granits rassemblés et agglutinés au pied des hautes montagnes, puisque voilà des roches de ce genre dont la hauteur égale à très-peu-près celle des cimes granitiques les plus hautes connues, et ou l'on ferois bien embarrassé à trouver la place des montagnes de granit dont les débris out pu leur servir de matériaux; sur-tout si l'on considère la masse énorme de l'ensemble des murs d'un cirque tel que celui du Mont-Rose. En effet, ce seroit une hypothèse inadmissible que de supposer, qu'anciennement il a existé dans le vuide actuel du cirque une montagne de granit, et que ce cirque est le produit des débris de cette montagne. Car comment ne resteroit-il aucun vestige de cette montagne? On conçoit bien que sa tête auroit pu se détruire, mais son corps, la base du moins, protégée par les débris de sa tête accumulés autour d'elle qu'est ce qui auroit pu l'anéantir; d'ailleurs les parois intérieures du cirque quoique très-escarpées ne sont pourtant pas verticale; elles s'avancent de tous côtés vers l'intérieur; et le fond, le milieu même du cirque n'est point du granit, il est de la même nature que ses bords. Enfin nous avons reconnu que les montagnes qui forment la couronne du Mont-Rose se prolongent au dehors à de grandes distances en sorte que leur ensemble forme une masse incomparablement plus grande que celle qui auroit rempli le vuide intérieur du cirque.

«Il faut donc reconnoître, comme tous les phénomènes le démontrent d'ailleurs, qu'il existe de montagnes de roches feuilletées, composées des mêmes élémens que le granit, et qui sont sorties comme lui des mains de la nature sans avoir commencé par êtres elles-mêmes des granits 22

Here is an example the most interesting that can be imagined. Those mountains are the highest in Europe, and their lofty peaks are altogether inaccessible upon one side. They had all been formed of the same horizontal strata. How then have they become separated peaks? And how have the valleys been hollowed out of this immense mass of elevated country?—No otherwise than as we may perceive it, upon every mountain, and after every flood. It is not often indeed, that, in those alpine regions, any considerable tract of country is to be found, where an example so convincing is exhibited. It is more common for those mountains of primary strata or schistus to rise up in ridges, which, though divided into great pyramids, may still be perceived as connected in the direction of their erected strata. These last, although affording the most satisfactory view of that mineral operation by which land, formed and consolidated at the bottom of the sea, had been elevated and displaced, are not so proper to inform us of the amazing waste of those extremely consolidated bodies, as are those where the strata have preserved their original horizontal portion. It is in this last case, that there are data remaining for calculating the minimum of the waste that must have been made of those mountains, by the regular and long continued operations of the atmospheric elements upon the surface of this earth.

It is the singularity of these horizontal strata in that extensive alpine mass, which seems to have engaged M. de Saussure, who has inspected so much of those instructive countries, to make a tour around those mountains, and to give us a particular description of this interesting place. Now, from this description, it is evident, that there is an immense mass of primary or alpine strata nearly in the horizontal position, which is common to all the strata at their original formation; that this horizontal mass had been raised into the highest place of land upon this globe; and that, in this high situation, it has suffered the greatest degradation, in being wasted by the hand of time, or operations of the elements employed in forming soil for plants, and procuring fertility for the use of animals. Here is nothing but a truth that may almost every where be perceived; but here that important truth is to be perceived on so great a scale, as to enable us to enlarge our ideas with regard to the natural operations of this earth, and to overcome those prejudices which contracted views of nature, and magnified opinions of the experience of man may have begotten,—prejudices that are apt to make us shut our eyes against the cleared light of reason.

Abundant more examples of this kind, were it necessary, might be given, both from this very good observator, and from M. de Luc 23.

I will now only mention one from this last author, which we find in the Journal de Physique, Juin 1792.

«Entre Francfort et Hanau, le mein est bordé sur ses deux rives, de collines dans lesquelles la lave se trouve enchâssée entre des couches calcaires. Ces couches sont très-remarquables par leur contenue, qui est le même au-dessus et au-dessous de la lave, et qu'on retrouve dans les couches d'une grande étendue de pays, ou, comme d'ordinaire, on voit leurs sections abruptes dans les flancs de collines, mais sans lave, excepté dans le lieu indiqué.»

The particular structure of those lime-stone strata, with the body of basaltes or subterraneous lava which is interposed among them, shows evidently the former connection of those two banks of the river, by solid matter, the same as that which we see left there, and in the flanks of those hills. That which is wanting, therefore, of those stratified masses, in that great extent of country, marks out to us the minimum of what has been lost, in having been worn by the attrition of travelled materials.

I would now beg leave, for a moment, to transport my reader to the other side of the Atlantic, in order to perceive if the same system of rivers wearing mountains is to be found in that new world, as we have found it in the old.

Of all the mountains upon the earth, so far as we are informed by our maps, none seem to be so regularly disposed as are the ridges of the Virginian mountains. There is in that country a rectilinear continuity of mountains, and a parallelism among the ridges, no where else to be observed, at least not in such a great degree.

At neither end of those parallel ridges is there a direct conveyance for the waters to the sea. At the south end, the Allegany ridge runs across the other parallel ridges, and shuts up the passage of the water in that direction. On the north, again, the parallel ridges terminate in great irregularity. The water therefore, that is collected from the parallel valley, is gathered into two great rivers, which break through those ridges, no doubt at the most convenient places, forming two great gapes in the blue ridge, which is the most easterly of those parallel ridges.

Now, so far as mountains are in the original constitution of a country, the ridges of those mountains must have been a directing cause to the rivers. But so far as rivers, in their course from the higher to the lower country, move bodies with the force of their rolling waters, and wear away the solid strata of the earth, we must consider rivers as also forming mountains, at least as forming the valleys which are co-relative in what is termed mountain. Nothing is more evident than the operation of those two causes in this mountainous country of Virginia; the original ridges of mountains, or indurated and elevated land, have directed the courses of the rivers, and the running of those rivers have modified the mountains from whence their origin is taken. I have often admired, in the map, that wonderful regularity with which those mountains are laid down, and I have much wished for a sight of that gap, through which the rivers, gathered in the long valleys of those mountains, break through the ridge and find a passage to the sea. A description of this gap we have by Mr Jefferson, in his notes on Virginia.

«The passage of the Potomac, through the Blue Ridge, is perhaps one of the most stupendous scenes in nature. You stand on a very high point of land. On your right comes up the Shenandoah, having ranged, along the foot of the mountains, an hundred miles to seek a vent. On the left approaches the Potomac, in quest of a passage also. In the moment of their junction, they rush together against the mountain, rend it asunder, and pass off to the sea.

«The first glance of this scene hurries our senses into the opinion, that this earth had been erected in time; that the mountains were formed first; that the rivers began to flow afterwards; that in this place particularly they have been dammed up by the Blue Ridge of mountains, and have formed an ocean which filled the whole valley; that, continuing to rise, they have at length broken over this spot, and have torn the mountain down from its summit to its base. The piles of rock on each hand, but particularly on the Shenandoah, the evident marks of this disrupture and avulsion from their beds, by the most powerful agents of nature, corroborate the impression. But the distant finishing which nature has given to the picture is of a different character. It is a true contrast to the foreground. It is as placid and delightful as that is wild and tremendous. For the mountain being cloven asunder, she presents to your eye, through the cleft, a small catch of smooth blue horizon at an infinite distance in the plain country, inviting you, as it were, from the riot and tumult roaring around, to pass through the breach, and partake of the calm below. Here the eye ultimately composes itself; and that way too the road happens actually to lead. You cross the Potomac above the junction, pass along its side through the base of the mountain for three miles, its terrible precipices hanging in fragments over you, and within about twenty miles reach of Frederick town, and the fine country around it. This scene is worth a voyage across the Atlantic. Yet here, as in the neighbourhood of the natural bridge, are people who have passed their lives within half a dozen of miles, and have never been to survey these monuments of a war between the rivers and mountains, which must have shaken the earth itself to its center.»

To this description of the passage of the Potomac may be added what Mr Jefferson, in the appendix, has given from his friend Mr Thomson, secretary of Congress.

«The reflections I was led into on viewing this passage of the Potomac through the Blue Ridge were, that this country must have suffered some violent convulsion, and that the face of it must have been changed from what it probably was some centuries ago; that broken and ragged faces of the mountain on each side of the river; the tremendous rocks which are left with one end fixed in the precipice, and the other jutting out, and seemingly ready to fall for want of support; the bed of the river for several miles below obstructed, and filled with the loose stones carried from this mound; in short, every thing on which you cast your eye evidently demonstrates a disrupture and breach in the mountain, and that before this happened, what is now a fruitful vale, was formerly a great lake, or collection of water, which possibly might have here formed a mighty cascade, or had its vent to the ocean by the Susquehanna, where the Blue Ridge seems to terminate. Besides this, there are other parts of this country which bear evident traces of a like convulsion. From the best accounts I have been able to obtain, the place where the Delaware now flows through the Kittatinny mountain, which is a continuation of what is called the North Ridge, or mountain, was not its original course, but that it passed through what is now called the Wind-gap, a place several miles to the westward, and above an hundred feet higher than the present bed of the river. This Wind-gap is about a mile broad, and the stones in it such as seem to have been washed for ages by water running over them. Should this have been the case, there must have been a lake behind that mountain; and, by some uncommon swell in the waters, or by some convulsion of nature, the river must have opened its way through a different part of the mountain, and meeting there with less obstruction, carried away with it the opposing mounds of earth, and deluged the country below with the immense collection of waters to which this new passage gave vent. There are still remaining, and daily discovered, innumerable instances of such a deluge on both sides of the river, after it passed the hills above the falls of Trenton, and reached the champaign. On the New Jersey side, which is flatter than the Pennsylvania side, all the country below Croswick hills seems to have been overflowed to the distance of from ten to fifteen miles back from the river, and to have acquired a new soil, by the earth and clay brought down and mixed with the native sand. The spot on which Philadelphia stands evidently appears to be made ground. The different strata through which they pass in digging for water, the acorns, leaves, and sometimes branches which are found above twenty feet below the surface, all seem to demonstrate this.»

How little reason there is to ascribe to extraordinary convulsions the excavations which are made by water upon the surface of the earth, will appear most evidently from the examination of that natural bridge of which mention is made above, and which is situated in the same ridge of mountains, far to the south, upon a branch of James's River. Mr Jefferson gives the following account of it.

"The natural bridge, the most sublime of nature's works, is on the ascent of a hill, which seems to have been cloven through its length by some great convulsion. The fissure, just at the bridge, is by some admeasurements 270 feet deep, by others 205; it is about 45 feet wide at the bottom, and 90 feet at the top; this of course determines the length of the bridge, and its height from the water. Its breadth in the middle is about 60 feet, but more at the ends; and the thickness of the mass at the summit of the arch about 40 feet. A part of its thickness is constituted by a coat of earth, which gives growth to many large trees. The residue, with the hill on both sides, is one solid rock of lime-stone. The arch approaches the semi-elliptical form; but the larger axis of the ellipsis, which would be the cord of the arch, is many times longer than the transverse. Though the sides of the bridge are provided in some parts with a parapet of fixed rock, yet few men have resolution to walk to them, and look over into the abyss. You involuntarily fall on your hands and feet, and creep to the parapet, and look over it. Looking down from this height about a minute gave me a violent headache. If the view from the top be painful and intolerable, that from below is delightful in the extreme. It is impossible for the emotions arising from the sublime to be felt beyond what they are here. On the sight of so beautiful an arch, so elevated, so light, and springing as it were up to heaven, the rapture of the spectator is really indescribable! The fissure, continuing narrow, deep, and straight, for a considerable distance above and below the bridge, opens a short but very pleasing view of the north mountain on one side, and blue ridge on the other, at the distance each of them of about five miles. This bridge is in the county of Rockbridge, to which it has given name, and affords a public and commodious passage over a valley, which cannot be crossed elsewhere for a considerable distance. The stream passing under it is called Cedar Creek: it is a water of James's River, and sufficient in the driest seasons to turn a grist mill, though its fountain is not more than two miles above 24."

Thus both in what is called the Old World and the New, we shall be astonished in looking into the operations of time employing water to move the solid masses from their places, and to change the face of nature, on the earth, without defacing nature. At all times there is a terraqueous globe, for the use of plants and animals; at all times there is upon the surface of the earth dry land and moving water, although the particular shape and situation of those things fluctuate, and are not permanent as are the laws of nature.

It is therefore most reasonable, from what appears, to conclude, that the tops of the mountains have been in time past much degraded by the decay of rocks, or by the natural operations of the elements upon the surface of the earth; that the present mountains are parts which either from their situation had been less exposed to those injuries of what is called time, or from the solidity of their constitution have been able to resist them better; and that the present valleys, or hollows between the mountains, have been formed in wasting the rock and in washing away the soil.

If this is the case, that rivers have every where run upon higher levels than those in which we find them flowing at the present, there must be every where to an observing eye marks left upon the sides of rivers, by which it may be judged if this conclusion be true. I shall now transcribe a description of a part of the Vallais by which this will appear. (Discours sur l'Histoire Naturelle de la Suisse.)

«Après avoir passé le village de Saint-Leonard, on commence à monter la montagne de la Platière; cette route est on ne peut plus intéressante pour le naturaliste, etc.

«On se trouve fort élevé au-dessus du Rhône quand on est sur le haut de ce chemin, dont on découvre un de plus singuliers, des plus riches, et de plus variés passages qu'on puisse imaginer. On voit sous ses pieds le Rhône serpenter dans le lit qu'il se creuse actuellement, car il change et tout prouve qu'il en a souvent changé; une quantité prodigieuse de petites isles le séparent et le coupent en une multitude de canaux et de bras; ces isles sont couvertes les unes d'arbres, d'arbustes, de pâturages, de bosquets et de verdure, d'autres de pierres, de sable, et de débris de rochers; quelques-unes sont formées ou occasionnées par un amas de troncs d'arbres entassés avec de grands sapins renversés dont les long tiges hérissées de branches droites et nues représentent des chevaux de frise, et donnent l'idée de ces abatis destinés à preserver un pays contre l'approche de l'ennemi. Du côté du bas Vallais, on suit à perte de vue le fleuve dans ses sinuosités et ses détours, on l'apperçoit également dans le haut Vallais; des avances de montagne le cachent quelquefois: il reparoît et diminue insensiblement en approchant de ces monts élevés ou il prend sa source: le fond du vallon paroît être de niveau, s'abaisser seulement d'une pente douce du côté du bas Vallais: des mamelons, des hauteurs des monticules isolés, quelquefois groupés de différentes manieres, sont répandus dans cet espace, et rappellent la vue d'une pré dévasté par les taupes; plusieurs de ces hauteurs sont surmontées des ruines d'antiques châteaux, d'eglises, et de chapelles; des villages distribués ça et là enrichissent ce fond, qui d'ailleurs est couvert de pâturages, de champs d'arbres, de bois, et de bosquets; les enclos des possessions le coupent en mille figure bizarres et irrégulières. Ces monticules avec leurs fabriques s'élèvent au-dessus de tous ces objets variés; quelques-unes se distinguent par leur côtés écroulés qui sont à pic; la blancheur de ces éboulemens contraste singulièrement avec les verts qui sont les couleurs dominantes du vallon. Au-de-la des coteaux, des montagnes s'élèvent et vont s'appuyer et s'adosser à ces masses, à ces colosses énormes de rochers à pic élevés comme des murailles et d'une hauteur prodigieuse qui forment cette barrière qui sépare le Vallais de la Savoie. Les contours du pied de ces monts forment des entrées de vallons et de vallées d'ou descendent et se précipitent des torrens qui viennent grossir les eaux du Rhône; la vue cherche à pénétrer et à s'étendre dans ces espaces, l'imagination cherche vainement des passages dans effrayantes limites, parmi ces écueils et ces rochers amoncelés, elle est arrêtée partout; de noires forêts de sapin sont suspendues parmi ces rochers blancs-jaunâtres, qui se terminent enfin par une multitude d'aiguilles et de pyramides qu'on voit percer au travers des neiges et des glaces, s'élancer dans les nues, s'y cacher et s'y perdre.

«En examinant de plus près ces mamelons répandus dans le vallon, on voit qu'ils sont composés de pierres, de sables, et de débris rapportés et amoncelés sans ordre depuis des temps dont rien ne peut fixer l'époque: on voit que les eaux du Rhône ont coulé à leurs pied, qu'il en a miné plusieurs et a occasionné leurs chutes et leurs ruines. On voit actuellement quelques mamelons qui subissent ces mêmes dégradations, et fournissent au Rhône les matériaux dont il va former plus loin ces atterissemens dont nous avons parlé. La confusion et le désordre qui se remarque dans la composition intérieure de ces mamelons prouvent qu'ils ne sont pas le produit de la mer ou des eaux qui ont travaillé successivement et lentement à la formation de la plupart des terrains; mais que le fond de ce vallon a été rempli des décombres et des débris des montagnes supérieures, qu'ils y ont été entraînés par des inondations et des débordemens subits; que les eaux du Rhône ensuite ont parcouru ce vallon qu'il a souvent changé de lit; que c'est en tournant et en circulant dans ce terrain nouvellement formé, qu'il a creusé les espaces qui sont entre ces mamelons, et que c'est en creusant le terrain qu'ils se sont élevés; leurs formes et leurs pentes allongées vers le bas Vallais, sont de nouvelles preuves que ce sont les eaux actuelles qui ont changé la surface de ce terrain, nous verrons de nouvelles preuves de ce que nous disons en avançant d'avantage vers le haut Vallais; il n'y a peut-être point d'endroit plus propre à étudier le travail des eaux que ce vallon qu'on a la facilité de voir et d'examiner sous des aspects différentes.»

Another example of the same kind, with regard to the bed of the Rhine, we have from the same author. (Discours, etc. page 259.)

«De Richenau à Coire, Troyen, et Saint-Gal.

«Pour aller à Coire on passe le port qui est sur le haut Rhin; en côtoyant ce fleuve, qui coule dans un fond, on entre dans une plaine de niveau, qui n'a qu'une pente très insensible de trois quarts de lieue; le fond du terrain n'est qu'un amas de pierres roulées de toutes espèces. Les deux côtés sont bordés de montagnes calcaire qui courent parallèlement entr'elles. Celle de la gauche, au pied de laquelle coule le Rhine, est très rapide et perpendiculaire à son sommet; celle qui est à droite de la plaine ou petit vallon, puisqu'il se trouve entre des montagnes, est moins haute, plus boisée, et couverte de sapins. Le vallon est aussi couvert, en partie, de très-grands et beaux pins; mais ce qu'on y voit de plus remarquable, c'est une douzaine de gros mamelons ou butes, élevées de cinquante à soixante toises, plus ou moins isolée, et à différentes distances les unes des autres; ces butes sont rondes, la plupart allongées dans le sens du vallon, et composées de débris calcaires et de sables; le fond du vallon est mêlé de plus d'espèces de galets. On ne croit pas se tromper en disant que ce vallon a été rempli de matières apportées par les eaux jusqu'à la hauteur ou sont encore actuellement les mamelons; que de nouvelles inondations ont ensuite creusé et entraîné ce qui manque de terrain à ces mamelons; que c'est en circulant autour de ces mamelons que les eaux leur ont donné la forme ronde; et surtout allongée dans le sens du vallon, et que c'est par le moyen de ces mêmes eaux que le fond actuel de cette plaine a pris ce niveau et cette pente insensible vers un pays plus ouvert qui est au-dela. On a déjà fait mention de pareils mamelons qui se trouvent dans le vallon du Vallais parcouru par le Rhône.»

These examples may also be supported by what this author observes in another place 25.

«Le vallon où est situé Meiringen, est visiblement formé par le dépôt des eaux, il est de niveau, et s'étend trois lieues en longueur jusqu'au lac de Brientz, à la suite duquel est le même terrain nivelé, qui va jusqu'au lac de Thun, dont on a parlé. Une autre observation qui concourt à favoriser ce sentiment, c'est que toutes les roches calcaires, qui entourent le vallon, sont à pic, qu'on y remarque des cavités circulaires et des enfoncemens à même hauteur et à différents points, qui constatent la fouille et le mouvement des eaux contre ces parois.»

Thus we have seen the operation of the atmospheric elements degrading mountains, and hollowing out the valleys of this earth.

The land which comes from the mineral region in a consolidated state, in order to endure the injuries of those atmospheric elements, must be resolved in time for the purposes of fertilising the surface of this earth. In no station whatever is it to be exempted from the wasting operations, which are equally necessary, in the system of this world, as were those by which it had been produced. But with what wisdom is that destroying power disposed! The summit of the mountain is degraded, and the materials of this part, which in a manner has become useless from its excessive height, are employed in order to extend the limits of the shore, and thus increase the useful basis of our dwellings. It is our business to trace this operation through all the intermediate steps of that progress, and thus to understand what we see upon the surface of this earth, by knowing the principles upon which the system of this world proceeds.


Footnotes

v2:20 M. Bourrit, etc.

v2:21 M. de Saussure, in his 2d volume of Voyages dans les Alpes, has shown the origin of these travelled granites, and traced the way by which they have come.

v2:22 M. de Saussure, upon the evidence before us, might have gone farther, and maintained that the masses of granite, which here traverse the strata in form of veins and irregular blocks, had been truly of a posterior formation. But this is a subject which we shall have afterwards to consider in a particular manner; and then this example must be recollected.

v2:23 Vid. Discours sur l'Histoire Naturelle de la Suisse, passim; but more particularly under the article of Route du Grindle wald à meiringen dans le pays de Hasti: Also Hist: de la Terre, Lettre 30. p. 45, et Lettre 31. page 68, etc.

v2:24 Upon this occasion it may be observed, the most wonderful thing, with regard to cosmology, is that such remnants, forming bridges, are so rare; this therefore must be an extraordinary piece of solid rock, or some very peculiar circumstances must have concurred to preserve this monument of the former situation of things.

v2:25 Discours, etc. page 201.


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