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Theory of the Earth, by James Hutton, [1788 and 1795], at sacred-texts.com


CHAP. IV.

The same Subject continued, in giving still
farther Views of the Dissolution of the
Earth.

To have an idea of this operation of running water changing the surface of the earth, one should travel in the Alps; it is there that are to be seen all the steps of this progression of things, and so closely connected in the scene which lies before one, that there is not required any chain of argument, or distant reasoning from effect to cause, in order to understand the natural operations of the globe, in the state of things which now appears. So strongly are the operations of nature marked in those scenes, that even a description is sufficient to give a lively idea of the process which had been transacted. With this view, I shall here transcribe, from the Tableau de la Suisse, a description of that remarkable passage by the mountain of St. Gothard, from Switzerland to Italy, hoping, that, even independent of the illustration hereby given to the theory, the reader will be pleased to see such a picture of that country as will either excite new ideas in a person who has not seen such scenes, or call up those which it is proper for a naturalist to have 4.

«Nous allons donner les observations que nous avons faites, en montant le Saint Gothard par le côté septentrional, et nous terminerons ce que nous avons à dire par la description du haut de cette montagne. Il y a aux environs d'Altorf, chef-lieu du canton d'Uri, de grands terrains couverts de pierres roulées, dont la plus grande partie est amenée par le Schechen, torrent qui descend de la vallée du même nom, et l'autre par la Reuss qui descend du St. Gothard. Sans se donner beaucoup de peines, on y a la facilite de voir et d'examiner une grande variété de pierres d'espèces différentes et de connoître d'avance les rochers qui composent les montagnes qu'on va parcourir; nous répétons ici que toutes les pierres arrondies ont pris cette forme par le roulis qu'elles ont essuyées dans les torrens, en se précipitant avec les eaux qui les ont amenées: plus nous avons parcouru de montagnes, plus nous nous sommes confirmés que cette observation étoit vraie et exact. Si on a la constance de suivre une espèce jusqu'au lieu de son origine ou position premiere, on l'y trouvera anguleuse, et n'ayant subi d'autres changemens que celui que le tems imprime à toutes les substances qui restent en place; on verra qu'à mesure qu'elles s'éloignent de leur premiere position leurs angles et leurs parties saillantes se détruisent, et qu'elles finissent par prendre la forme ronde ou approchante, en raison de leurs dureté et du chemin qu'elles auront parcouru. Nous renvoyons à ce sujet ce qui a été dit vers le commencement de ces observations, en parlant du Trient. Nous ajoutons seulement qu'il n'y a guère d'espèce de pierres roulées dans les montagnes, dont nous n'ayons pas trouvé les rochers analogues, et qu'avec du tems et les courses convenables, en observant bien les directions des montagnes et des torrents, on les trouveroit toutes. Altorf est entouré de très-hautes montagnes, des vallons aboutissent de tous côtes dans ses environs, parce-que c'est le lieu le plus bas où les eaux vont se jetter dans le lac de Wahlasthall ou de Lucerne, à l'extrémité duquel Altorf est situé; le vallon est assez couvert dans le bas, il est cultivé dans quelques parties, et il y a des arbres fruitiers; c'est sur-tout aux environs de Birglen qu'on rencontre beaucoup de pierres roulées et des rochers amenés par les eaux.

«Les rochers sont de pierre calcaire, et continuent jusqu'à Silenen à deux lieues d'Altorf; les montagnes sont fort hautes et fort escarpées des deux côtés du vallon, de beaux près sont dans le bas; quelque arbres fruitiers et sur-tout des noyers sont à mi-côte, et entre les rochers, des forêts de sapins. Avant d'arriver à Silenen, on apperçoit le glacier de Tittlis; il est sur le territoire d'Engelberg, et on trouve encore quelques hêtres; derrière les montagnes boisées il s'en élève d'autre nues et arides. Des points et des vues admirables par la dégradation des montagnes et pour le sauvage, s'offrent de toutes parts. Des chalets, des habitations isolées, sont situés au pied des plus affreux rochers qui les menacent d'une ruine prochaine. L'habitant y vit sans crainte, entouré de son pré et de son petit bien dont il est tranquille possesseur.

«La chaleur concentrée dans ce vallon y fait mûrir différentes productions peu recherchées; à la verité, ce sont des fruits fort communs, excellens pour le pays, parce qu'on n'y en connoit pas de meilleurs. C'est du petit village d'Amsteeg entouré de fort hautes montagnes, qu'on commence à monter ce qu'on nomme le Saint Gothard general: le chemin devient plus roide, la Reuss y est plus resserrés et roule ses eaux dans un lit fort profond et très-escarpé, des torrens des cascades, tombent de différens endroits des deux côtés de ce vallon et de belles forêts de sapin, où il y a des arbres prodigieux pour la hauteur, varient les points de vues; on s'élève beaucoup au-dessus du fond des vallons par des chemins rapides: l'exposition plus heureuse fait cultiver du jardinage et des arbres fruitiers; il y a beaucoup de chanvre dans ces environs. De l'autre côté du vallon, sur la gauche de la Reuss, est une usine ou on fabriquoit de l'alum et du vitriol, les travaux ont cessé, ces établissemens et l'exploitation des mines sont peu connus et peu suivis en Suisse. La Reuss semble toujours s'enfoncer d'avantage, par-tout elle roule ses flots avec bruit et fracas, elle s'est creusée un lit à des profondeurs incroyables; il n'y a point d'endroit ou l'on puisse mieux voir cet étonnant travail des eaux que sur le pont du Pfaffensprung, à une demi-lieue de Vassen; il est à une hauteur si effrayante que le premier mouvement, quand on regarde au bas du pont, est de se tenir au parapet, et le second de le quitter, dans la crainte qu'il ne manque, ce n'est que par réflexion qu'on y revient, On voit la progression et le travail successif de l'eau du haut jusqu'en bas; la roche a des sinuosités où des angles arrondis, rentrans et faillans, alternativement de chaque côté, et dont saillans sont opposes aux rentrans, de façon qu'il reste peu d'espace pour apercevoir l'eau, ce canal ou ce, gouffre n'ayant pas plus de deux toises et demie de large. Depuis Silenen on ne voit plus de pierres calcaires, les rochers sont schisteux argileux, mêlé de beaucoup de quartz; le lit de la Reuss est rempli de granits, mais qui viennent des montagnes supérieures. Au-dessus du pont, dont nous venons de faire mention, on rencontre un passage des plus pittoresques, composé de moulins, de scieries, de chutes d'eau, dominés par le village de Vassen, et entourés de montagnes fort extraordinaire. Une roche argileuse sur un plan incliné, s'est détachée de la hauteur, et a emporté un pont et un moulin.

«On monte beaucoup après avoir passé Vassen; ces environs sont d'une variété étonnante pour la beauté et la singularité des paysages. Des nappes d'eau, des cascades qui se précipitent de roches en roches, forment dix et quinze chutes avant de se perdre dans les sapins qui contrastent avec la blancheur des eaux toutes réduites en écume. Des maisons d'une construction particulière, placées contre les rochers pour les mettre à l'abri des avalanches, des poutres jetées sur différentes masses de rochers pour passer la Reuss et autres torrens dont les eaux sont bouillonnantes et jaillissantes, des arcades de pierres pour joindre des rochers suspendus sur ces précipices, rochers de mille formes bizarres occupent le voyageur, et ne lui donnent plus le tems d'apercevoir les mauvais pas qu'il franchit. Il y a sans doute des hommes assez malheureux, qui ne verroient que des dangers, et ne seroient occupés que de leurs craintes et des terreurs paniques; c'est en effet une grande privation de ne pas sentir les beautés de la nature, elle devient un malheur réel quand ce plaisir se trouve remplacé par des angoisses et de la frayeur. Un tableau d'un autre genre nouveau, et pour lequel les expressions manquent, est une forêt rasée et abattue par une avalanche, il y a quelques années, ces sapins de plus de cent pied de long, ont eu le tems de perdre leurs feuilles et de permettre à la vue de passer à travers cette énorme quantité de bois et de branches entre lacées de mille manières bizarres, et d'apercevoir des rocs épars, des eaux qui circulent autour, et tombent quelque fois en cascades. C'est une spectacle qui devient effrayant quand on pense à la force et à la violence du moyen qui a pu occasionner un pareil effet. On recueille dans ce canton la résine des mélèzes. Quoique Vassen soit déjà fort élevé, on y cultive encore quelque jardinage, et il y a aussi quelque cerisiers sauvages. Il y a environ cinq-lieues jusqu'à Altorf.

«Après avoir passé Vassen, on trouve cinq ou six superbes cascades formées par la Reuss. Elle fait un bruit à étourdir: la chaleur qu'il faisoit, avoit procuré une abondante fonte de neige, et l'eau avoit beaucoup augmenté depuis le matin. Des bouleaux, des sapins, et des mélèzes, groupés ensemble, formoient des contrastes agréables par la variété et le mélange des différens verts. Les chemins sont faits à grand frais et avec beaucoup de soin; on a jetté des arcades en différens endroits pour joindre les rochers, et faire passer les chemins par-dessus; on entend mugir la Reuss sous ses pieds elle écume par-tout, il faut être accoutumé à ce spectacle pour n'en pas être effrayé. Les rochers de droite et de gauche sont par-tout à pic et d'une granit, qui est jaunâtre dans différens endroits; dans d'autres, il est décomposé, passant à l'état d'argile; c'est le felds-path qui subit le premiere ce changement. Des quartiers de rochers des parties de montagnes sont épars; des chalets, des habitations solitaires sont placé aux environs des endroits où il y a quelque pâturage. Il y a un de ces rochers qui est une belle masse de granit, appellée la Pierre du Diable; on n'oublie pas de la faire remarquer, parce qu'il y a un conte populaire à son sujet que de graves auteurs nous ont conservé. Le vallon se rétrécit beaucoup avant d'arriver à Gestinen.

«On a élevé par-tout de murailles à de très-grandes hauteur pour faire le chemin. Tout ce travail, vu le local, est incroyable pour la difficulté; de gros blocs de granits sont rangés sur les bords du chemin pour servir de barrières dans les endroits les plus dangereux. Ces passages sont si étroit qu'il faut peu de chose pour les interrompre. Le pont du Diable est d'une seul arche à plein ceintre de quatre toises d'ouverture deux et demie de large, et de douze toises d'élévation au-dessus de l'eau; le fracas et la rapidité avec laquelle l'eau passe sous ce pont, ne permettent gueres qu'on la considère tranquillement de dessus le pont, on est toujours tenté de s'en éloigner.—La distance depuis Gestinen jusqu'à Teufelsbruck ou pont du Diable, qui est environ deux lieues, suffit pour prouver ce que nous disons; cette vallée, qu'on nomme Schollenen, offre à chaque pas des difficultés vaincues, des rochers franchis, des intervalles comblés par des murailles, où il a fallu employer des montagnes de pierres.

«Les chemins sont pavés partout mieux que dans beaucoup de villes; des chevaux et des mulets chargés les fréquentent toute l'année; et dans quels pays ces grands travaux ont-ils été exécutes? Dans un véritable chaos de rochers et montagnes dont partie sont bouleversés, et l'autre paroît prête à s'écrouler sur le passant, qui ne voit sous ses pieds que des écueils, des gouffres et des précipices, au fond desquels roule un torrent écumant et furieux. Si les rochers sont menaçans, les avalanches sont encore plus dangereuses dans ce redoutable passage; il n'y a point d'année qu'il ne périsse des hommes et des bêtes de somme; on fait voir un endroit où une avalanche transporta à plus de cent toises au-dela de la Reuss, dix-neuf chevaux et mulets chargés ainsi que leurs conducteurs; dans d'autres endroits des quartiers de rochers prodigieux qui ont été déplacés et transportés de même.

«Après avoir passé le pont du Diable, le chemin tourne à gauche, puis à droite, pour monter une rampe assez rapide, très-bien pavée, qui conduit à une ouverture dans le rocher, c'est le seul passage qui se presente, nommé Urner-Loch, trou du pays d'Urner ou Urseren; un rocher fort élevé est sur la gauche, et les cascades de la Reuss à droite; l'entrée du passage est obscure, c'est une galerie souterraine pratiquée dans le roc, haute de neuf pieds environ de façon qu'un homme peut y passer à cheval, de onze pieds de large et trente-deux toises de long; on a pratiqué dans le milieu une ouverture pour donner du jour; cette roche est toute de granit, ainsi que celles qui sont autour du pont du Diable; Il y a environ soixante ans que cette galerie a été ouverte; le chemin passoit auparavant en dehors sur une espèce de pont qui tournoit le rocher, et se trouvoit exactement suspendu et fort mal assuré au-dessus des cascades de la Reuss; de frequens accidens, de grands frais pour reconstruire et entretenir ce pont, souvent entraîné par les eaux, ont necessité l'ouverture de ce passage.

«En sortant de ce passage obscur, on est surpris d'entrer dans une plaine ouverte, riante et couverte de verdure, et de voir couler à côté de soi une onde limpide et tranquille. Ce tableau est d'autant plus frappant qu'on vient de voir le contraste le plus effrayant; ce passage souterrain est comme le rideau qui se lève entre deux décorations, dont l'une representoit le chaos et le bouleversement de la nature, et l'autre celle de la nature naissante et parée des premiers et des plus simples ornemens; cette plaine est unie, de forme ovale, couverte d'un vaste gazon et de pâturages, entre lesquels serpente doucement la Reuss: sur ces bords il y a quelques buissons et peu d'arbres, ce sont des aulnes. Des cabanes de bois, des chalets isolés et solitaires sont répandus ca et là à l'entrée du vallon: à gauche est le village d'In-der-Matt bâti en pierres, et à neuf; dans le fond celui de hospital et situé sur le penchant d'un coteau, il est dominé par une grosse tour: les montagnes du St. Gothard servent de fond au tableau, elles sont trop éloignées pour laisser apercevoir leur aridité; des montagnes nues, couvertes d'une verdure légère sans arbres et sans buissons, bordent les deux côtés du vallon: enfin tout paroît jeune et d'une création nouvelle au premier coup d'oeil, qui met le spectateur dans l'état où est un homme à son réveil après un rêve épouvantable, où il n'a vu que des objets effrayans; il se trouve heureux et content d'être en sûreté et hors des dangers qui le menaçoient, tant les impressions de son rêve lui sont encore présentes.

«Ce vallon offre des remarques intéressantes pour l'histoire naturelle, sa position, sa forme, et son nivellement ne laissent aucun doute que cet emplacement n'ait été le séjour des eaux; en examinant les bords du lit de la Reuss, on reconnoît que le terrain de ce vallon est par couches horizontales de pierres argileuses; le pied des montagnes qui entourent le vallon sur la droite est de pierre calcaire grise, à la même hauteur, et à mi-côte, sur la gauche, on trouve de la pierre ollaire. Voilà encore une de ces circonstances où il seroit intéressant de connoître la hauteur exacte de cette pierre calcaire, et de pouvoir comparer son niveau avec d'autres que nous avons déjà observé être aussi déposées au pied des montagnes dans de petits vallons fort élevés, analogues à celui dont il est question. Quelque secousse aura rompu l'enceinte de rocher qui fermoit ce bassin: l'écoulement des eaux aura achevé de creuser ce passage, où coule actuellement la Reuss, et le vallon qui est au-dessous. Quoique les angles rentrans et saillans des montagnes ayent lieu dans quelque endroits, il s'en faut de beaucoup que ce soit une règle certaine: le vallon qui descend du Saint Gothard à Altorff est une de ces exceptions. Une autre chose remarquable dans ce vallon, c'est qu'au sortir du passage souterrain que nous avons dit être creusé dans le granit, il y a tout à côté sans interruption, et formant la même masse de rocher, de la pierre schisteuse micacée, mêlée de quartz, dont les couches sont perpendiculaire, se fendent et tombent par morceaux, qui ont la forme de poutres ou de bois équarris. Cette espèce de roche est aussi haute que celle de granit, et composée, dans des proportions différentes, des mêmes parties intégrantes que le granit; n'a-t-elle pas été apposée et formée contre celle de granit, qui assurément doit être plus ancienne, puisqu'elle est enveloppée par la roche schisteuse 5?

Ce vallon, d'une bonne lieue de longueur sur moitié de largeur, peut occasionner bien des réflexions; nous avons été obligé de passer rapidement sur ces objets, nous ne faisons que les indiquer. Au-haut de la montagne rapide, qui est au-dessus du village d'In-der-Matt, il y a un petit bois de sapins, auquel il est défendu de toucher sous peine de la vie. Il est réservé contre les avalanches; ce sont les seules arbres qu'on voie sur les hauteurs environnantes; derrière ce bois on apperçoit un glacier d'où descend un torrent qui va se jetter dans la Reuss; il amène, ainsi que les autres qui descendent de ce coté, des pierres schisteuses micacées, mêlées de quartz, de même nature que celle qui est à coté du passage souterrain. On monte par un beau chemin au village de Hospital, qui dépend aussi du pays d'Urseren: tout ce canton est renommé pour ces excellens fromages. Il n'y a que des pâturages et point d'autre culture. Le bois, qui est de première nécessité dans un pays aussi froid, aussi élevé et toujours entouré de neige, y manque totalement, on est obligé de l'aller chercher dans la vallée de Schollenen, et on traine sur la neige le bois de charpente. Le village de Hospital est situé sur des roches schisteuses mêlées de mica et de quartz, elles sont bleues, verdâtres, et grises. C'est à Hospital qu'est la rencontre de différens chemins pour passer le Saint-Gothard; il y en a un qui venant du Vallais, passe à côté du glacier du Rhône et par la montagne de Fourk. Un second qui vient des Grisons, passe par Disentis et Chiamut entre les sources du bas Rhin. Ce sont des sentiers: qu'on juge de ce qu'ils peuvent être d'après le grand chemin que nous venons de décrire, qui conduit de la Suisse en Italie.

«Sur la droite du village de Hospital est un vallon que nous avons visité jusqu'au village de Zum-d'Orff, à une grand demi-lieue. Il y règne aussi une couche de pierre calcaire à même hauteur, au bas de la montagne qui renferme le vallon, et nous prions de remarquer qu'elle est aussi sur la droite, et que sur la gauche il y à de pierre ollaire; une masse énorme de cette espèce, sous laquelle on travailloit depuis long-tems pour en tirer de quoi faire des poêles, ayant perdu son équilibre, est tombée sur le côté. Les rochers qui dominent, sont des rochers schisteuse micacées avec du quartz. Ce dernier village fait aussi partie de la vallée d'Urseren, c'est le pays habité le plus élevé de l'Europe; les habitons sont forts et robustes; les montagnes de ce canton étant nues, arides, et fort rapide, les avalanches y sont fréquentes.

«C'est au sortir de Hospital qu'on monte véritablement le Mont Saint Gothard: le chemin est escarpé, pavé, et bien entretenu. Par un vallon à droite descend le Garceren, torrent qui vient des glaciers; son eau est blanchâtre, se jette dans la Reuss, et en trouble la limpidité; les rochers sont de plus en plus dépouillés, secs et arides, on trouve les derniers buissons, des aulnes rabougris. La Reuss tombe de rocher en rocher, des blocs et des quartiers énormes, qui remplissent son lit, lui barrent souvent le passage; ses eaux s'élancent par-dessus quand elle ne peut le contourner; on ne voit enfin que des rochers, des abymes et des précipices; on marche néanmoins en sûreté au milieu de ce désordre de la nature; les chemins sont bien pavés, et assez larges pour que deux chevaux ou deux mulets chargés puissent y passer de front. Sur un rocher à droite, à une lieue de Hospital environ, on trouve taillés dans le roc les limites entre le pays d'Urseren, et la partie Italienne ou vallée de Livenen; ainsi tout sommet du St. Gothard appartient à la partie Italienne, qui est actuellement sujette du canton d'Uri. On parvient enfin sur un terrain plus uni, et une espèce de plateau, c'est le haut du Saint Gothard; à une demi-lieue sur la droite, entre des rochers forts hauts, forts escarpés et à pic, est une espèce d'entonnoir, ou se rassemblent les eaux des neiges fondues; elles y forment le petit lac de Luzendro, gelé le trois quarts de l'année, d'ou la Reuss tire sa source en partie; car le glaciers du mont de la Fourche ou Fourk dans le haut Vallais, fournissent aussi un torrent qui est regardé comme la seconde source de la Reuss; le Rhône prend sa source dans la partie opposée du même glacier. Le haut du Saint Gothard est un vrai vallon, puisque des cimes, des pyramides, des montagnes prodigieuses, composées toutes de rochers, s'élèvent au-dessus, et l'entourent de tous côtés. L'espace qui est entre ces rochers a une forme a-peu-prés circulaire; il paroît avoir été un fond qui a été élevé et comblé jusqu'au point ou il est par les débris des montagnes qui le dominent, et qui s'y amoncèlent encore actuellement sous nos yeux; il a une espéce de niveau qui va un peu en pente du côté du midi, et du côté du Nord par lesquels se fait l'écoulement des eaux fournies par la fonte des neiges, dont la Reuss et le Tessin sont les canaux. Des masses étonnantes de rochers remplissent la surface de ce vallon: elles y sont placées dans une désordre qui ne ressemble point aux positions des rochers actuels, et autorise à croire qu'elles y ont été jetées et culbutées au hazard. Ces masses isolées sont toutes de granit, composé de quartz, de feldspath, et de mica verdâtre; le chemin qui traverse ce vallon tourne autour de ces masses. Il faut que les pics élevés qui bordent ce vallon ayent été beaucoup plus hauts qu'ils ne le sont actuellement pour avoir pu fournir à combler cette étendue, qui a une lieue au moins. Il n'est pas douteux non plus, que les vastes montagnes qui font au pied de toutes celles qui forment l'enceinte du Gothard, au moyen desquelles on trouve un accès plus facile, et des rampes moins rapides pour s'élèvent comme par degrés à cette hauteur, qui composent enfin ces montagnes de seconde et de troisieme formation, ne doivent leur existence qu'aux débris de ces colosses qui dominent tout. L'examen de ce qui se passe sous nos yeux journellement, ne peut nous laisser aucun doute sur l'abaissement de montagnes. Il n'y a point de torrent, point d'écoulement d'eaux, quelque petit qu'il soit, qui n'entraîne en descendant des montagnes, des terres, des graviers, ou des sables, pour les porter plus bas. Les grands torrens, les fleuves, les rivières, gonflés par les fontes subites des glaces et des neiges, entraînent des rochers entières, creusent de vastes et profonds ravins; ces masses de rochers diminuent par le choc et le frottement qu'elles essuient entre elles, et sur les rochers sur lesquels elles passent, dont elles occasionnent reciproquement la destruction; ce sont des débris de cette espéce de trituration qui troublent les eaux, et dont le dépôt élève insensiblement les bords des rivières, forme le limon fécondant de nos plaines, et va former jusque dans le sein des mers ces atterrissemens, ces barres, et ces bancs qui en reculent les bornes. Les rochers les plus durs, ces granits que les meilleurs outils ont tant de peine à façonner, ne résistent point au tems et aux intempéries des saisons; leur superficie se dénature et se décompose souvent au point de ne pas les reconnoître: des lichens, des petites mousses s'insinuent dans leur tissu, l'eau y pénètre, et la gelée sépare leurs parties; s'ils se trouvent placé sur une pente de façon à pouvoir être entraîné par les eaux, la plus grosse masse est bientôt réduite à peu de chose, apres avoir parcouru un plan incliné; quels changemens ne doit pas avoir opéré cette marche constante de la nature. A quel point n'est elle pas rendu méconnoissable la superficie du globe que nous habitons. Pour peu qu'on réfléchisse que les montagnes fournissent continuellement aux plaines, et que celle-ci ne rendent rien aux montagnes, on pourra se faire quelque idée des changemens que la révolution des siècles à du opérer. Aussi n'est ce que sur les hautes montagnes qu'on apperçoit encore parmi leurs vastes débris, les matériaux qui ont servi et servent aux créations nouvelles que la nature opère journellement, qu'ils sont grands, qu'ils sont majestueux ces antiques débris! que l'homme est petit, qu'il est confondu quand il ose y porter un regard curieux!»

In this picture of the Alps, there is presented to our view the devastation of solid rocks by agents natural to the surface of the earth; here is the degradation of mountains in the course of time. Of these ruins plains are formed below; and these plains are continually shifting their place, in affording materials to be washed away and rolled in the rivers, and in receiving from the higher grounds the spoils of ruined rocks and mountains. Such operations are general to the globe, or are to be found over all this earth; but it is not every where that we have descriptions proper to give just ideas of this subject, which escapes the common observation of mankind.

As I have given an example in the Alps of Savoy and Switzerland, it may be proper to give some view of the same operation in those of the Pyrénées (Essai sur la Minéralogie des Monts Pyrénées) page 76.

«La vallée d'Aspe est arrosée dans toute sa longueur, par le Gave, qui prend sa source vers les frontières d'Espagne: dans les temps de pluie et d'orage, cette rivière est colorée en rouge par des terres composées de schiste rougeâtre, qui s'éboulent: des montagnes de Gabedaille et de Peyrenère: au reste les eaux du Gave profondément encaissées dans leur lit ne peuvent plus contribuer à la fecondité des plaines qu'elles ont formées.

«On observe, en suivent cette rivière que lorsque les montagnes courent parallèlement, les angles faillans qu'elles forment correspondent aux angles rentrans; cette règle générale sert à établir que les vallées des Pyrénées, qu'il faudroit plutôt appeler de gorges puisqu'elles n'ont qu'une demi-lieue dans leur plus grande largeur, sont l'ouvrage des eaux; mais doit on les ranger parmi celles que M. de Buffon a démontré avoir été creusées par les courans de la mer, ou les supposer formées par les torrens qui se précipitent des montagnes?

«Ne croyez pas, dit M. d'Arcet, en faisant mention des vallées des Pyrénées, que les eaux aient pris ces routes parce qu'elles les ont trouvées frayées antérieurement à leur cours; ce sont les eaux même d'en-haut, qui, se ressemblant peu-à-peu, se sont ouvert de force ces passages: elles se sont creusé ces lits dans le temps passés, comme elles les creusent encore tous les jours. Voyez la Discours sur l'État Actuel de Pyrénées, p.. 10.

(p. 86.) «Les pierres que les eaux du Val de Canfrac entraînent, sont rarement usées dans leurs angles; on en trouve peu dont la figure soit arrondie, comme celle des pierres que roulent les torrens de la partie septentrionale des Pyrénées; le sol des environs de Jacia, plus élevé que celui des plaines du côté de la France, s'oppose a ce qu'elles soient emportées à d'assez grandes distances, et avec la rapidité necessaire pour recevoir, par un long frottement, une figure arrondie: on ne voit point de pierres roulées dans les plaines qui entourent cette ville, les bancs calcaires ne sont couverts que d'une croûte de terre peu épaisse; un telle formation diffère de celle qu'on observe au pied des monts Pyrénées, du côté de la France, ou le sol de plusieurs contrées est composé des débris que les rivières y ont déposés 6; une partie de l'Égypte, selon Hérodote, a été pareillement formée des matières que le Nil y a apportées; Aristotle la nomme l'ouvrage du fleuve: c'est pourquoi les Éthiopiens se vantoient que l'Égypte leur étoit redevable de son origine. Les habitans de Pyrénées pourroient dire la même chose de presque toutes les contrées situées le long de la chaine septentrionale, depuis l'océan jusqu'à la Méditerranée, et qui forment cette espace d'isthme qui sépare les deux mers: c'est ainsi que la nature change continuellement la surface de notre globe; elle élève les plaines, abaisse les montagnes; et l'eau est principal agent qu'elle emploie pour opérer ces grandes révolutions; il ne faut que du temps, pour que le mot de Louis XIV. à son petit-fils, se réalise. La postérité pourra dire un jour; il n'y a plus de Pyrénées. On conçoit combien cette époque est éloignée de nous. M. Gensanne a trouvé, par des observations qu'il pretend non équivoques, que la surface de ces montagnes baisse d'environ dix pouces par siècle; ainsi, en les supposant seulement de quinze cens toises au-dessus du niveau de la mer, et toujours susceptibles du même degré d'abaissement, il s'écoulera un million d'années avant leur destruction totale.»

I do not know in what manner M. Gensanne made his calculation; I would suspect it was from partial, and not from general observations. We have mountains in this country, and those not made of more durable materials than what are common to the earth, which are not sensibly diminished in their height with a thousand years. The proof of this are the Roman roads made over some of those hills. I have seen those roads as distinct as if only made a few years, with superficial pits beside them, from whence had been dug the gravel or materials of which they had been formed.

The natural operation of time upon the surface of this earth is to dissolve certain substances, to disunite the solid bodies which are not soluble, but which, in having been consolidated by fusion, are naturally separated by veins and cutters, and to carry those detached bodies, by the mechanic force of moving water, successively from stage to stage, from places of a higher situation to those below.

Thus the beds of rivers are to be considered as the passages through which both the lighter and heavier bodies of the land are gradually travelling; and it is through them that those moveable bodies are from time to time protruded towards the sea shore. But, in the course of rivers, it often happens that there intervenes a lake; and this must be considered as a repository for heavy bodies which had been transported by the force of running water, in the narrow bed through which it was obliged to pass; for, being arrived in the lake, the issue of which is above the level of its bottom, the moving water loses its force in protruding heavy bodies, which therefore it deposits. Thus the bottom of the lake would be filled up, before the heavy materials which the river carries could be made to advance any farther towards the sea.

Reasoning upon these principles, we shall find, that the general tendency of the operations of water upon the surface of this earth is to form plains of lakes, and not, contrarily, lakes of plains. For example, it was not the Rhône that formed the lake of Geneva; for, had the lake subsisted in its present state, while the Rhône had transported all the matter which it is demonstrable had passed through that channel from the Alps, the bed of the lake must have been made a plain through, which the river would continue to pass, but in a changing channel, as it does in any other plain. We are therefore led to believe, that the passage of the Rhône through the lake, in its present state, is not a thing of long existence, compared with the depredations which time had made by that river upon the earth above the lake. But how far there are any means for judging, with regard to the causes of that change which must have taken place, and produced the present state of things about this lake, can only be determined by those who have the proper opportunity of examining that country.

If lakes are not in the natural constitution of the earth, when this is elevated from the sea into the place of land, they must be formed by some posterior operation, which may be now considered.

There are in nature, that is, in the natural operations of the globe, two ways by which a lake may properly be formed in a place where it had not before existed. One of these is the sliding or overshooting of a mountain or a rock, which, being undermined by the river, and pressed by its weight, may give way, and thus close up the defile through which the river had worn for itself a passage. The other is the operation of an earthquake, which may either sink a higher ground, or raise a lower, and thus produce a lake where none had been before. To which, indeed, may be added a third, the dissolution of saline or soluble earthy substances which had filled the place.

So many must have been those alterations upon the surface of the earth which we inhabit, and so short the period of history by which, from the experience of man, we have to judge, that we must be persuaded we see but little of those operations which make any sensible change upon the earth; and we should be cautious not to form a history of nature from our narrow views of things; views which comprehend so little of the effects of time, that they may be considered as nothing in the scale by which we are to calculate what has passed in the works of nature.

To form an idea of the quantity of the solid land which has been carried away from the surface of the earth, we must consider our land, with the view of a mineralist, as having all the soil and travelled materials removed, so as we might see the terminations of all the strata, where these are broken off and left abrupt. Now, the generality of those strata are declined from the horizontal plane in which they had been formed, and shew that the upper extremity had been broken off and carried away; and the quantity of that which has been carried away, since the time of the formation of those strata, so far as may be judged from the nature and situation of what remains, must be concluded as very great. This is best to be observed in mountainous countries, where not only the causes of this destruction of the land are more powerful, but the opportunities of investigating the effects more frequent, from the washing away of the loose soil or covering.

The correspondent angles of the valleys among mountains is a subject of this nature, in which may be perceived a visible waste of the solid mountain which has those correspondent angles. I am happy to have an authority so much better than my own observations to give on this occasion, where the question relates to what is common or general in these appearances. It is that of M. de Luc, Lettres Physique et Morales, tom. 2. p. 221. «Mais avant de finir sur les montagnes primordiales, il faut que je revienne à ces angles saillans et rentrans alternativement opposés, qui lorsque Mr. Bourguet les annonça, firent un si grand bruit parmi les naturalistes qu'on ne douta plus que toutes les montagnes ne fussent l'ouvrage de la mer. Voici ce que c'est que ce phénomène prétendu démonstratif.

«Lorsqu'on voyage dans les vallées, on va ordinairement en tournoyant; et quand un angle saillant oblige à courber la route, on trouve assez souvent un angle rentrant qui lui fait face, et la vallée conserve à peu près la même largeur. M. Bourguet ayant fait cette remarque, et considérant que les bords opposés d'une rivière qui serpente, offrent la même opposition des angles saillans et rentrans, en conclut en général, que les montagnes avoient été formées par les courans de la mer.

«Si toutes les montagnes, et les Alpes par exemple, avoient tous les autres caractères qu'exige une telle formation celui-là sans doute ne paroîtroit pas les contredire; et l'on ne peut même disconvenir, qu'au premier coup d'oeil, ces zig-zags ne ressemblent beaucoup aux effets des eaux courantes. Cependant ce caractère appartient bien plus aux eaux qui se frayent une route, qu'à celles qui font des dépôts. Un rivière qui creuse son lit, se détourne à la rencontre d'un obstacle, et ronge le côté opposé; c'est ce qui produit ses méandres. Mais on ne voit point les mêmes causes de zig-zags dans les courans au sein de la mer; à moins qu'il n'y ait déjà des montagnes.

«En effet si l'on considère les montagnes et les collines qui par leurs couches et les corps étrangers qu'elles renferment, montrent sans équivoque qu'elles sont l'ouvrage des eaux, on les trouvera le plus souvent rangées sans ordre. Quelquefois elles ne paroissent que des monceaux posés çà et là; comme dans une grand partie du Piémont. Ou si elles sont sous la forme de chaînes continues, on y trouve peu de parallélisme, c'est-à-dire de ces angles rentrans opposés aux angles saillans: tel est le Jura.

«Mais si les courans de la mer ont trouvé des montagnes toutes faites, et qu'ils les ayent traversées, dans quelque sens que ce soit; ils se sont frayé des routes dans les endroits où la resistance étoit moindre, et ont rongé les bords de leurs canaux à la manière des rivières. On doit donc y trouver du parallélisme.

«Si maintenant on considère la chaîne des Alpes, on verra qu'elle répond fort bien à cet effet naturel. Quoique ces montagnes forment une chaîne dans leur ensemble, leurs parties supérieures ne montrent aucune sorte d'arrangement particulier, aucune trace de zig-zags: c'est dans le fond des grandes vallées, ou dans les coupures qui servent à l'écoulement des eaux, que ce parallélisme des côtés opposés se remarque; quoiqu'avec bien des exceptions. Et ce qu'il y a de plus important à considérer, c'est que ces grandes vallées ou les angles saillans et rentrans forment l'engrènement le plus sensible, coupent ordinairement la chaîne en travers, au lieu de la suivre; ce qui annonce plutôt destruction qu'édification.

«Ainsi les angles saillans et rentrans alternativement opposes dans les vallées des montagnes, peuvent bien contribuer à prouver qu'elles ont été toutes sous les eaux de la mer; mais non que la mer les aît toutes faites. C'est ici donc un nouvel exemple de la nécessité de considérer attentivement les idées qui paroissent le plus naturelles au premier coup d'oeil: car cet aperçu étoit bien un de ceux qu'on est tenté d'admettre sans examiner autre chose que la vérité du fait.»

Here we have the testimony of this author concerning the nature of those causes by which the shape of the surface of the earth, in those regular appearances of corresponding parts, had been determined, viz. That these had been destroying operations, and not those by which the mountains had been formed. We differ, however, from this naturalist with regard to the particular agent here employed. It will be shown, in a subsequent chapter, that there is almost as little reason to conclude from this appearance, that the space between the correspondent angles had been hollowed by the currents of the sea, as that those angles had been formed by matters deposited in that shape and situation.

Farther, treating of the calcareous mountains, the same author observes, (Lettre 38. p. 229.)

«Cette chaîne extérieure des Alpes évidemment d'origine marine, a cependant des caractères qui la distinguent de la plupart des autres montagnes de la même classe; et ces caractères semblent annoncer plus d'antiquité. Je crois d'abord pouvoir les regarder comme les montagnes secondaires les plus hautes de notre continent. (Je ne parle ici que des montagnes marines.) Ensuite leur destruction est beaucoup plus grande que celle d'aucune autre montagne de ce genre qui me soit connue: car elles sont presque aussi couronnées de pics que les Alpes primordiales; et ces pics, étant par couches, montrent des restes d'anciens sommets qui devoient avoir une grande étendue. Ce qui, joint à quelques dérangemens dans leurs couches, paroît indiquer que ces montagnes ont été exposées plus longtemps que la plupart des autres montagnes secondaires, aux revolutions qu'essuyoit le fond de la mer; et qu'elles en sont sorties déjà fort altérées.»

There is at present no question concerning the particular shape in which the mountains of the earth had come out of the waters of the sea. We are considering the wasting of those mountains, in being exposed to the atmosphere and waters of the earth; and the operation that the sea may have had upon their surface, is a subject for judging of which we have not the smallest data, unless by taking the thing for granted, or supposing that the present state of things is that former shape after which we inquire. Now, this is a species of reasoning that M. de Luc would certainly explode; for he admits, as we shall afterwards find, great changes among the mountains of the Alps, from the influences of the atmosphere, perhaps more rapid changes than we are disposed to allow. Therefore, to call in the aid of the ocean, for the degradation of these secondary calcareous mountains, holds of no reason that I can see, unless it be that of diminishing the time which otherwise would have been required in bringing about those changes by the atmosphere alone.

To conclude: Whether we examine the mountain or the plain; whether we consider the degradation of the rocks, or the softer strata of the earth; whether we contemplate nature, and the operations of time, upon the shores of the sea, or in the middle of the continent, in fertile countries, or in barren deserts, we shall find the evidence of a general dissolution on the surface of the earth, and of decay among the hard and solid bodies of the globe; and we shall be convinced, by a careful examination, that there is a gradual destruction of every thing which comes to the view of man, and of every thing that might serve as a resting place for animals above the surface of the sea.


Footnotes

v2:4 Tableaux de la Suisse Discours, etc. p. 113. Route d'Altorf au St. Gothard.

v2:5 Here is an example of the junction of the granite with the schistus; and probably here will be a proper opportunity of investigating the formation of those two things. Our author here supposes the granite to be the primary, and the schistus to be the secondary body; on the contrary, I believe that schistus to be the primary in relation to the granite, and that the granite had invaded the schistus, as will be made to appear in its proper place.

v2:6 The notion, that the water-worn gravel, which we so frequently find upon the surface of the earth, had been the effect of rivers transporting the rocks and stones, is not accurate or in perfect science. That stones are thus continually transported is certain; it is also indisputable, that in this operation they are broken and worn by attrition, more or less; but, that angular stones of the hardest substance are thus made into that round gravel, which we find so abundantly in many places forming the soil or loose materials of the surface, is a conclusion which does not necessarily follow from the premises, so far as there is another way of explaining those appearances, and that by a cause much more proportioned to the effect.

The view which I take of the subject is this; first, that those water-worn materials had their great roundness from the attrition occasioned by the waves of the sea upon some former coast. Secondly, that, after having been thus formed by agitation on the shores, and transported into the deep, this gravel had contributed to the formation of secondary strata, such as the puddingstone which has been described in Part I. Chap 5, and 6; and, lastly that it has been from the decay and resolution of those secondary strata, in the wafting operations of the surface, that have come those rounded siliceous bodies, which could not be thus worn by travelling in the longest river.


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